“Bretonnes” de Charles Fréger
Bretonnes, le dernier travail du photographe Charles Fréger s’apparente à une collection. Une collection de coiffes d’une richesse insoupçonnée dont même les noms constituent un inventaire à la Prévert : capot de deuil, queue de langouste, coiffe le coq, cornette du Trégor, tintaman du Haut-Léon… Le terme de collection semble ici approprié, tant l’univers de la mode est mis en avant à travers la délicatesse des dentelles, le détail des velours, soies et rubans, mais aussi les motifs brodés ou peints sur la robe.
Né en 1975, Fréger, ancien diplômé des Beaux-Arts de Rouen, s’est fait connaître pour ses séries successives dédiées aux costumes et uniformes. Bretonnes s’inscrit à la fois dans le prolongement et en décalage de ce travail de fond : on retrouve ce rapport au vêtement et à l’accessoire, mais avec une forte évolution esthétique par rapport aux séries précédentes.
Le point de départ de cet ensemble est une résidence du centre d’art GwinZegal de Guingamp, initiée en 2011. Le photographe, à l’origine peu familier de la culture locale, a commencé par se documenter et s’immerger dans une riche iconographie. Il a également pris contact avec les cercles celtiques qui lui ont permis de découvrir l’extrême variété des coiffes. L’ouvrage publié chez Actes Sud qui accompagne le projet en recense 53. « Alors que les composantes du costume breton se ressemblent toutes un peu, la coiffe est le véritable élément singulier, observe Céline Chanas, directrice du musée de Bretagne, à Rennes. Elle signale l’origine géographique et le statut social ou marital de la femme. »
Pour l’artiste, cette immersion dans les cercles celtiques est aussi l’occasion de rencontrer ses futurs modèles. Entre 2011 et 2014, il organise plusieurs séances de prises de vues en extérieur. Sur les plages ou dans les champs, Fréger installe ses éclairages et construit précisément son image. Le photographe tourne autour du modèle et travaille les poses et la gestuelle pour mieux mettre en valeur les tenues.
Construit comme un ensemble de tableaux photographiques, Bretonnes fonctionne sur un double décalage. Décalage temporel entre la jeunesse des modèles, toujours jolies et apprêtées, et l’ancienneté du vêtement (certains remontent à 1800). Décalage aussi à l’image entre le premier plan, celui du modèle principal, et le deuxième, constitué de figurants, ce qui renforce ce côté pictural. Pour créer cette image en deux plans, l’artiste a utilisé un écran de soie placé derrière le modèle. « C’est une toile tendue qui réagit aux flash, filtre la lumière et donne un flou à l’arrière plan de l’image. »
Celui-ci est nourri de toute une iconographie. Fréger reconnaît s’être fortement documenté et inspiré d’un vaste corpus : cartes postales, tableaux de l’école de Pont-Aven, photos historiques, etc. Les figures du deuil, de l’attente, de l’espoir, de la révolte et de la solidarité féminine, des activités agricoles apparaissent en filigrane.
GALERIE GABRIELLE MAUBRIE
16 JANUARY 2016 – 20 FEBRUARY 2016
Galerie Gabrielle Maubrie
24 rue sainte croix de la bretonnerie – 75004 Paris
J’adore ! Mais seras-tu étonnée de me l’entendre dire ???
Merci à toi, c’est magnifique. J’espère que tu vas bien, je te souhaite une agréable semaine (un temps à broder au coin du feu)- Douces pensées- Bises.
Là je me régale ! En resonance avec mes origines.. Merci
Magnifique ! quel beau sujet ! ma culture de la coiffe se limite à la quichenote (kiss me not) – je suis charentaise, mais là, je me serais bien déplacée pour voir une si belle collection. merci
Je me souviens, lorsque petite, j’assistais aux fêtes à Locquirec: les femmes portaient leurs coiffes, leurs magnifiques robes brodées et les coiffes étaient portées différemment si elles habitaient d’un côté ou de l’autre du pont qui enjambait une petite ria.Souvenirs, souvenirs….